La diversité dans la vision :
l'art baroque dans l'Europe catholique, première moitié du 17 ème siècle.
En architecture apparait le style baroque qui ne se différencie pas facilement du style de la Renaissance (sinon par la multitude
de détails, les dorures, les courbes…). Le baroque en architecture répond au même problème que le baroque ou le maniérisme en peinture : comment dépasser les artistes classiques de la renaissance qui ont atteint un tel degré de perfection ?
Voir image, la façade de l'église Gesu à Rome (Giacomo della Porta). Cette façade ne nous semble pas forcément exceptionnelle aujourd'hui car ce genre de façade est très répandu. C'était cependant à l'époque quelque chose de tout à fait neuf (éléments de l'architecture antique, voire entrée qui rappelle un arc de triomphe). De plus, c'est l'église d'un ordre récemment formé, les Jésuites, et dont le but est de diffuser la Réforme catholique. On observent des nouveauté par rapport au style renaissance : refus de la monotonie et de l'austérité classique, pilastres jumelés par exemple, ou volutes.
Il existe un parallèle avec l'évolution de la peinture où l'accent est mis sur la couleur, la lumière et une composition plus complexe (abandon de la symétrie). On parle là encore d'un style baroque
De plus, les débats se multiplient entre artistes et dans le monde des arts: c'est une nouveauté importante. La rivalité entre les différentes écoles ou mouvements provoquent d'importantes controverses. Par exemple : le dessin prime-t-il sur la couleur ou l'inverse ? Faut-il chercher à faire mieux que les maîtres de la Renaissance ou à se différencier ?
Ainsi à l'innovation s'oppose déjà l'académisme, dont l'un des plus grands maîtres est le français Nicolas Poussin qui vécût à Rome
Giacomo della Porta (architecte), Eglise Gesu, Rome, Italie
Pour la puissance et la gloire de l'Eglise:
l'art Baroque en Italie, deuxième moitié du 17 ème siècle.
Au sein de l'art baroque chaque nouvel artiste cherche toujours à innover, cherchant à s'écarter toujours plus des règles classiques et à surprendre. Ainsi l'intérieur des églises a pour but de montrer une vision de gloire céleste capable d'agir plus puissamment sur nos sens que celle des cathédrales médiévales. On observe un déploiement de magnificences et de féerie capable de transcender le fidèle. S'y ajoutent les cierges, l'encens, l'orgue.
Face à l'austère Réforme protestante, l'Eglise comprend l'intérêt qu'elle peut tirer à utiliser l'art. Il n'est plus seulement là pour illustrer la doctrine pour ceux qui ne savent pas lire. Il doit permettre de persuader, de retenir ou de ramener les chrétiens dans la maison du Seigneur face à la concurrence protestante basée justement sur la lecture directe de la Bible.
L'art est alors instrumentalisé pour montrer la puissance et la gloire de l'Eglise catholique.
Dans les églises baroques, les fresques baroques se multiplient, comme celle de Le Pozzo, Le Triomphe de saint Ignace. Cette peinture perdrait tout sens et toute puissance en dehors de son cadre. L'artiste veut donner l'illusion que la voûte de l'église s'ouvre sur la gloire des cieux. Le message est évident: l'église est le seul ascenseur permettant d'accéder au cieux (volonté de combattre la réforme protestante).
De même, Saint Ignace est le fondateur des Jésuites : ces moines combattent pour la réussite de la Réforme catholique. Il est montré accédant aux cieux. De plus, l'éclatement du cadre (faux semblant) renforce la proximité physique de la scène. Enfin, on assiste à une rupture des frontières entre les arts : peinture, sculpture, architecture.
Andrea Le Pozzo, « le Triomphe de Saint Ignace » 1684
Les Italiens se spécialisent donc dans le décor intérieur des églises ou palais (Tiepolo) mais c'est cependant la fin de la grande époque de l'art italien. Seule exception : les paysages vénitiens, notamment ceux de Guardi qui suggère avec quelques taches des personnages : l'impression d'ensemble est plus importante que la minutie du détail.
Le Classicisme :
En contraste avec l'art Baroque, un art fondé sur l'équilibre et la rigueur s'affirme au XVII ème siècle en Europe : l'art Classique.
Des règles strictes viennent alors définir la peinture, la littérature, la musique, la sculpture et l'architecture.
L'âge d'or du classicisme est la période qui, en France, correspond aux règnes de Louis XIII et de Louis XIV.
Les grands Etats d'Europe affirment leur puissance en encourageant un art respectueux de l'ordre établi.
Mais l'exemple de Velàzquez (1599-1660) ou de Rembrandt (1606-1669), comme celui de la peinture de genre, montre que le triomphe du modèle classique n'est pas total.
Un art de raison :
L'art classique prend son inspiration à deux sources : la nature et l'Antiquité.
Il se rapproche ainsi de l'art de la Renaissance, et prolonge d'ailleurs l'œuvre de certains artiste du XVI ème siècle, comme Raphaël (1483-1520).
Sévère et exigeant l'art classique est méthodique : on apprend dans des écoles, les « académies ».
Les partisans du classicisme attachent une importance particulière à l'étude du dessin.
Ils pensent que la ligne est le « squelette » de la peinture comme de l'architecture.
Installé à Rome dès l'age de trente ans, et Nicolas Poussin (1594-1665) atteint le sommet de l'art classique lorsqu'il peint de grandes scènes montrant l'harmonie entre le paysage et l'histoire des hommes : l'art devient un exercice de la raison non plus de la passion.
Nicolas Poussin, Orphée et Eurydice, 1664
Rembrandt :
Le Hollandais Rembradt Harmensz Van Rijn, dit Rembrandt, recherche lui aussi la finesse, la clarté et la précision.
Mais bien des œuvres de ce maître, surtout celles de sa vieillesse, sont envahies par de grandes zones obscures, ou la lumière crée des atmosphères théâtrales et mystérieuse.
Rembrandt donne naissance à la technique du « clair-obscur ».
Rembrandt, qui connu dans sa jeunesse la célébrité et la fortune ne rencontre plus alors le même succès.
Sa couleur devient rugueuse, pâteuse, et les formes se brouillent.
Dans ses paysages, ses scènes religieuse, ses portraits, et encore plus encore ses autoportraits, l'artiste regarde le monde d'un air à la fois triste et résigné.
Rembrandt, « Autoportrait », 1640
La peinture de genre :
La hollande du XVII ème siècle est dirigée par de riches marchands, qui souhaitent voir représenter leur vie heureuse et raffinée : un véritable mode des peintures pittoresques montrant des intérieurs de maisons confortables se développe alors.
Johannes Vermeer (1632-1675), le plus grand des peintres « de genre », ne laisse qu'une trentaine de petits tableaux.Il représente la tendance « silencieuse » de la peinture de genre, lorsque la lumière, doucement filtrée par une fenêtre, éclaire un atelier de peintre ou le cabinet d'un astronome.
Johannes Vermeer, « la jeune fille à la perle », 1658
Le Néo-Classicisme
La révolution Française de 1789 marque la fin de l'Ancien Régime en France et entraîne aussi la disparition du « Rococo », une tendance artistique héritée de l'art baroque.
Une fois encore, l'Antiquité se présente comme un exemple de pureté et de grandeur vers lequel il faut revenir.
Baroque, Rocaille et Rococo :
Le mot « rococo » vient du mot « rocaille » qui désigne un style d'ornementation imitant les rochers et les coquillages, et inspiré des formes Baroques.
Le style rocaille est caractéristique d'une société ou l'homme riche passe son temps dans le luxe et l'inaction, dans les « fêtes galantes » que peint Antoine Watteau (1684-1721).
La peinture de cet artiste, très admirée à son époque, sera ensuite considérée comme trop légère et, pour cela, sévèrement critiquée.
Le NéoClassicisme :
Jacques Louis David « Marat assassiné » 1793
A la fin du XVIII ème siècle, le philosophe français Denis Diderot souligne que l'art doit « rendre la vertu attrayante, le vice odieux et le ridicule éclatant ».
L'art à une fonction morale : indiquer aux homme le chemin qu'ils doivent suivre.
C'est l'époque ou de grande découverte archéologiques, autour de Pompéi, dans le sud de l'Italie, remettent à la mode la civilisation Romaine.
Ce renouveau du goût de l'antique donne naissance à un courant international dans tous les arts qu'on appelle le NéoClassicisme.
Le NéoClassicisme ne recherche pas seulement dans l'Antiquité un modèle de « beauté idéale », mais aussi un modèle de conduite, de courage et de patriotisme.
La vie des grands hommes de l'Antiquité inspire désormais celle de ces hommes politiques et de ces chefs militaires dont la peinture ou la sculpture célèbrent les exploits.
Pour Antonio Canova (1757-1822), la beauté idéale prend l'apparence d'un rêve de marbre, tandis que Jacques Louis David (1748-1825), avec
« Marat assassiné », honore un héros de la révolution.
La fin du « beau idéal » :
Théodore Géricault « le radeau de la Méduse »
1818-1819
Francisco Goya « El tres de Mayo » 1814
Les premiers portraits peints par Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) ont une raideur qui fait encore penser à l'Antiquité : le NéoClassicisme reste puissant au début du XIX ème siècle, alors que Napoléon Ier impose sa loi à l'Europe.
Mais les bouleversements de l'époque s'accompagnent de guerres.
Le peintre Théodore Géricault (1791-1824) montre que l'homme perd parfois la raison,(ci-dessus : le Radeau de la Méduse, 1818.1819) et Francisco Goya (1746-1828) témoigne des scène de massacres auxquelles il a assisté pendant l'occupation de l'Espagne par les Français, en mai 1808.(ci-dessus : El Tres de Mayo, 1814)
« El tres de Mayo 1808 » raconte les horreurs de la guerre et la violence aveugle des soldats sans visages qui s'apprêtent à tuer des innocents.
L'un de ceux-ci, au milieu, porte une chemise blanche ou se concentre la lumière du tableau : cette lumière va s'éteindre lorsque l'homme tombera.
Jean Auguste Dominique INGRES « la grande Odalisque » 1814