Les Arts Décoratifs sous Napoléon Bonaparte
Le Style directoire :
(Octobre 1795 - Novembre 1799)
Jacques-Louis David « Portrait de Madame Récamier » 1800
Durant la courte période du Directoire (octobre 1795-novembre 1799) s'est développé un style adopté par l'architecture, le mobilier et les arts décoratifs. Il s'inscrit dans l'évolution du néoclassicisme qui a pris son essor à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle en France. On en trouve les prémices dans le style Louis XVI, à partir de 1790; il annonce le style Empire, qui apparaît vers 1803: après les campagnes d'Égypte et d'Italie, on note en effet l'apparition de certains thèmes décoratifs symbolisant la gloire du futur Napoléon. Il se différencie néanmoins nettement de l'un et de l'autre.
Dans la décoration des demeures, le style pompéien prédomine, mais les motifs d'inspiration Renaissance sont également très à la mode et les premiers décors à l'égyptienne apparaissent, tous interprétés dans une gamme de coloris très particuliers. Les motifs de stuc ou les sculptures se détachent en couleurs vives et heurtées sur des parois brun pompéien, les violets, les orangés, le noir étant les couleurs favorites pour les tentures; les meubles sont souvent laqués.
Le mobilier adopte des formes simples, d'une grande élégance, alliant les courbes discrètes et les lignes droites sans rigidité. Les bras des fauteuils sont souvent de forme carrée et leur dossier est ajouré. L'ornementation, simplement sculptée et dépourvue de bronzes, se différencie des meubles Louis XVI, dont quelques formes persistent. Les formes antiques, mises à la mode dans les modèles exécutés par l'ébéniste Georges Jacob pour les tableaux de David, sont très en faveur (lit de Mme Récamier, musée Marmottan, Paris).
Tapisseries, tapis, bronzes et autres arts «industriels» restent en régression, les manufactures n'ayant pas encore repris leur activité.
Le style Empire :
Chambre de Joséphine de Beauharnais, 1805
Napoléon 1er, Empereur (1769 - 1821)
Dans le Recueil des décorations intérieures (1812), Percier et Fontaine, architectes en 1806 de l'arc de triomphe du Carrousel et décorateurs, déclarent: «Nous nous sommes efforcés d'imiter l'antique, dans son esprit, ses principes et ses maximes, qui sont de tous les temps.» Le style Empire est bien une continuation du néoclassicisme apparu sous le règne de Louis XVI, enrichi de l'iconographie impériale – aigles et abeilles – après la transition opérée par le style Directoire.
Les meubles, qui jouaient librement dans l'espace des intérieurs au XVIIIe siècle, se rangent le long des murs ou se figent au beau milieu de la rosace du tapis d'Aubusson. Une géométrie sévère, des formes lourdes inspirent aux ébénistes, avec des tables de toilette à pieds en X, des guéridons à plateau de marbre, des lits massifs, bateaux ou en nacelle, et des fauteuils à dossier carré, un mobilier où l'acajou s'utilise en placage (le meuble Empire d'acajou massif est exceptionnel). Devenu rare et coûteux à la suite du Blocus, ce bois d'Amérique sera remplacé par le hêtre, l'orme, le peuplier ou l'érable. Les ornements de bronze ciselé, puisés dans un répertoire gréco-romain ou égyptien, sont appliqués sur les fonds unis.
L'orfèvrerie, dont les principales figures sont Biennais, Auguste et Odiot, transpose dans ce même répertoire à l'antique les pièces de vaisselle des périodes précédentes – surtouts pots à oille et salières –, le protocole impérial étant calqué sur celui de la monarchie. C'est ainsi qu'Auguste réalise pour le sacre de l'Empereur un grand service en vermeil, et la Manufacture de Sèvres un service «égyptien».
Jacques Louis DAVID (1748 – 1825)
Référence Internet
http://www.louvre.fr
« Les Sabines » 1799 (huile sur toile) Paris, Musée du Louvre
Analyse d'œuvre :
Histoire du tableau :
En octobre 1795, après son amnistie David se consacra aux Sabines, il ne voulut pas traiter l'épisode traditionnelle déjà peinte deux fois par Poussin mais représenta l'interposition des Sabines entre leurs époux et leurs pères ou frères venus venger leur enlèvement trois ans plus tard. Ce tableau ne fut achevé qu'en 1799 .
Mettant en scène la sagesse des femmes, David voulait retrouver la beauté antique. La nudité des personnages principaux provoqua d'ardents débats durant son exposition payante au Louvre.
Cette œuvre fut exposée par David jusqu'en 1805 au musée du Louvre, avant d'être transportée en 1816 dans son atelier de l'église de Cluny, dont le peintre Gros assurait la surveillance. L'œuvre fut achetée par l'État, en même temps que Léonidas aux Thermopyles en 1819 pour la somme de 100 000 francs les deux. Le tableau fut alors exposé au musée du Luxembourg avant d'entrer au musée du Louvre, à la mort de David en 1826.
Les Sabines :
Après l'enlèvement des Sabines par leurs voisins romains, les Sabins ont tenté de les reprendre : c'est cet épisode que David a choisi de représenter. Les Sabines s'interposent entre les combattants. Au centre, Hersilie interrompt le combat entre son mari, le roi de Rome, et son père le roi des Sabins. En traitant ce sujet, David a souhaité prôner la réconciliation des Français après la Révolution. Son style, de plus en plus simple et pur, est inspiré de l'Antiquité grecque.
Biographie de Jacques-Louis David :
peintre français né le 30 août 1748 à Paris et mort le 29 décembre 1825 à Bruxelles, est considéré comme le chef de file de l'École néoclassique dont il incarne le style pictural et l'option intellectuelle (régénérer les arts en développant une peinture que les classiques Grecs et Romains, selon la propre formule de David, auraient sans hésiter pu prendre pour la leur).
Il fut l'un des artistes les plus admirés, enviés et honnis de son temps, autant pour ses engagements politiques que pour ses choix esthétiques. Par le passé, rarement un artiste a épousé à ce point les grandes causes de son temps en mêlant intimement art et politique.
David vote la mort du roi Louis XVI, puis se met au service de l'empereur Napoléon Ier. Il opère une rupture avec le style galant et libertin de la peinture du XVIIIe siècle, et revendique l'héritage du classicisme de Nicolas Poussin, mais s'inspire aussi du style baroque de Rubens. Il fut un maître pour deux générations d'artistes, venus de toute l'Europe pour se former dans son atelier qui à son apogée, comptait une quarantaine d'élèves.